Ce mardi 18 novembre 2014, pour la toute première fois, Najat Vallaud-Belkacem a réuni en séminaire les cadres de l’Éducation nationale pour qu’ils contribuent à développer l’apprentissage.
Dans le cadre de la semaine école/entreprise, ce séminaire s’est tenu au lycée René Auffray à Clichy. A cette occasion, la ministre a rencontré des apprentis accompagnés de leurs tuteurs et formateurs. Retrouvez ici le discours de la ministre et quelques images de la visite et du séminaire.
Madame la Directrice générale de l’enseignement scolaire
Mesdames les rectrices et Messieurs les recteurs,
Monsieur le Président du Conseil régional de la région Centre,
Monsieur le Président du Conseil national éducation économie,
Mesdames les directrices académiques et Messieurs les directeurs académiques des services de l’Éducation nationale,
Mesdames et messieurs, cadres académiques chargés de l’apprentissage dans les territoires,
Monsieur le Proviseur,
Mesdames et messieurs,
Dans la vie, les premières fois sont toujours un moment important, et aujourd’hui est une première : nous nous réunissons en effet pour le premier séminaire de l’encadrement de l’éducation nationale dédié à l’apprentissage.
Ce séminaire, je l’ai voulu et je l’ai porté parce que le développement de l’apprentissage correspond à une volonté forte de ce gouvernement, que notre ministère dispose de nombreux atouts pour y contribuer de manière active et que nous devons à présent prendre un temps de réflexion commune pour identifier les leviers opérationnels qui permettront d’y parvenir.
Ce séminaire est d’abord l’expression d’une volonté et d’une ambition politique : celle du gouvernement de développer l’apprentissage.
C’est une priorité du Président de la République : vous le savez, il a fait part de son ambition : tout jeune en apprentissage doit pouvoir être accueilli en entreprise et tous les acteurs concernés doivent se mobiliser pour atteindre l’objectif de 500 000 jeunes en apprentissage en 2017. Je souhaite que le ministère de l’éducation nationale prenne toute sa part à la réalisation de cet objectif, pour trois raisons :
D’abord, parce que c’est notre responsabilité d’aider les élèves à s’accomplir et à se réaliser à travers l’école. Or, l’apprentissage correspond au souhait de nombreux élèves et à leur volonté, très jeunes, de se diriger vers certains métiers pour lesquels ils ressentent une véritable vocation. Pour d’autres élèves, l’apprentissage peut leur permettre de devenir ingénieur système, administratrice de base de données, mais ils ne le savent tout simplement pas et c’est notre rôle. C’est notrre rôle de les informer du fait que l’apprentissage peut leur donner accès à tous les niveaux de diplômes, y compris aux diplômes d’ingénieur. C’est notre devoir et notre rôle d’adultes, au sein de l’éducation nationale, que de les accompagner dans ce choix.
Nous devons les accompagner dans ce choix à tous les stades de leurs réflexions et de leurs décisions d’orientation, en traitant l’apprentissage à égalité avec les autres voies de formation initiale dans notre discours à l’égard des élèves. Nous devons les accompagner que ce soit au sein de l’apprentissage, dans les CFA ou les UFA, ou au sein de l’enseignement scolaire, deux possibilités qui ne doivent pas être opposées l’une à l’autre et que nous devons considérer avec la même ouverture d’esprit, avec une seule préoccupation : l’intérêt du jeune. Nous devons accompagner les jeunes, ensuite, une fois qu’ils ont fait le choix de l’apprentissage, pour les aider à trouver un maître d’apprentissage. Nous devons les accompagner, enfin, pour assouplir leur année de formation en apprentissage, ce qui nous a conduit par exemple à aménager le calendrier des examens pour organiser deux sessions dans l’année.
La deuxième raison valable de développer l’apprentissage, c’est parce que cela répond à un besoin économique et social. J’ai la conviction que nous pouvons avoir de grandes ambitions pour l’école, nous inscrire dans le temps long qu’est le temps de l’éducation et de la formation, sans suivre les fluctuations ou les modes du marché du travail, tout en étant à l’écoute des besoins en compétences du monde professionnel. Cette conciliation du temps moyen et du temps long est un équilibre délicat à trouver, mais un équilibre possible et, en tout cas de mon point de vue, souhaitable.
Et puis, il y a une dernière raison de développer l’apprentissage : dans un contexte économique défavorable à l’emploi des jeunes pas ou peu qualifiés, l’apprentissage pour les premiers niveaux de qualification (CAP, Bac pro) facilite l’insertion professionnelle des jeunes. Alors soyons pragmatiques, pensons à ce qui est le meilleur pour chaque élève, en faisant du cas par cas : apprentissage pour l’un, enseignement scolaire, en fonction des aspirations pour l’autre. Là non plus, n’opposons pas apprentissage et enseignement scolaire. Ce sont deux voies qui utilisent l’une et l’autre l’alternance et qui conduisent l’une et l’autre à la qualification, qui conditionne l’accès à l’emploi de nombreux jeunes.
Pour développer l’apprentissage, notre ministère dispose de nombreux atouts.
Nous disposons d’un appareil de formation de très bon niveau dans l’enseignement professionnel, avec des professeurs, chefs de travaux et formateurs très qualifiés et engagés ; avec des plateaux techniques de premier ordre grâce à l’appui des régions.
Nous avons par ailleurs beaucoup progressé dans notre organisation : nous sommes aujourd’hui capables de raisonner en parcours d’élèves, en permettant des parcours mixtes avec des passages entre la voie scolaire et l’apprentissage. Nous devons d’ailleurs développer, encore plus, ces possibilités de parcours mixtes. Alors certes, nous pouvons encore progresser. Vous savez que nous préparons la mise en place généralisée du parcours individuel d’information, d’orientation, et de découverte du monde économique et professionnel, pour tous les élèves des collèges et lycées. J’attends en effet les propositions du Conseil supérieur des programmes et je sais que le Conseil nationale Education Economie a remis ses préconisations. Dès la phase d’expérimentation qui démarrera en janvier 2015, j’ai demandé aux recteurs que la découverte de l’apprentissage soit incluse dans ce parcours. L’intérêt des milieux économiques pour ce parcours d’ouverture et de culture économique doit nous stimuler, nous inciter à prendre des initiatives dans sa mise en œuvre. J’attends des retours sur les innovations qui, je le sais, sont déjà lancées.
Autre atout dont dispose notre ministère pour développer l’apprentissage : la palette d’établissements dont nous disposons, capables de s’adapter aux différents besoins des élèves. Je veux parler, bien sûr, des CFA et des UFA que nous gérons en propre. Nous avons un excellent potentiel avec les lycées des métiers, et les lycées qui s’organisent en réseau au sein des campus des métiers et des qualifications. Je veux parler enfin des GRETA, dont nous venons de commémorer le 40ème anniversaire et qui contribuent à l’objectif qui doit être le nôtre d’une éducation permanente, tout au long de la vie et bien au-delà de la fin de la scolarité obligatoire.
Saisissons-nous de ces atouts et profitons de ce séminaire d’encadrement pour identifier de manière très concrète les leviers opérationnels qui vous permettront, sur le terrain, de développer l’apprentissage.
Vous le savez, je me suis adressée à vous, Recteurs par écrit en septembre dernier et je vous ai demandé de développer fortement l’apprentissage dans vos académies. J’ai également demandé à la direction générale de l’enseignement scolaire de renforcer le dialogue avec vos académies pour accompagner et favoriser ce développement. Notre objectif, interne au ministère de l’éducation nationale, est de porter à 60 000 le nombre d’apprentis dans les lycées de l’éducation nationale, soit une augmentation de 50%. Nous en avons les capacités. Le Conseil national éducation économie (CNEE), présidé par Monsieur Ferracci, que je salue, les développeurs de l’apprentissage dans les territoires, le réseau des ingénieurs pour l’école, nous y aideront.
Sur quels leviers opérationnels nous appuyer, à présent, pour atteindre cet objectif. Nous en connaissons déjà quelques uns.
Il y a bien sûr les leviers évènementiels, qui ne sont pas à sous-estimer : journées portes ouvertes des lycées professionnels, rencontres avec des entreprises, avec des maîtres d’apprentissage et des apprentis, par exemple lors de la journée de découverte du monde professionnel que j’ai demandé aux établissements d’organiser chaque année pendant la semaine Ecole-Entreprises et aux périodes clefs pour les choix d’orientation. Ces moments sont importants, parce que le choix d’une orientation, souvent, se fait par une rencontre, un dialogue avec une ou plusieurs personnes, une identification avec des apprentis, qui créent un déclic chez l’élève et lui permet de convaincre sa famille de sa détermination à se former ainsi.
Il y a également les leviers organisationnels : la coopération Etat-Région pour mieux organiser l’offre de formation professionnelle (la mise en réseau des établissements, en partenariat avec des CFA de branches ou consulaires, y compris au sein des campus des métiers et des qualifications, je le disais, mais aussi l’organisation interne aux établissements, avec par exemple la création de pôles de stage et de mise en situation professionnelle au sein des établissements pour renforcer les liens avec les entreprises.
Et puis il y a les leviers du quotidien : une aide à la mobilité, une aide pour trouver un logement et accroître la mobilité – les collectivités territoriales, le CNOUS et les CROUS font déjà beaucoup, nous allons encore travailler pour mieux prendre en compte les besoins particuliers des apprentis mineurs. Il peut aussi y avoir une conversation avec un professeur pour parler de son avenir, le regard bienveillant et soutenant d’un conseiller d’orientation qui aide un élève à s’orienter vers l’apprentissage, l’appui d’un établissement pour favoriser les conditions de vie d’un apprenti en termes de logement ou de déplacement.
Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive. Vous parlerez aujourd’hui des stratégies d’établissement, des stratégies académiques et régionales, des leviers pédagogiques pour développer l’apprentissage, des alliances partenariales à mettre en œuvre ou encore des meilleurs moyens de développer l’attractivité de l’apprentissage auprès des élèves et de leur famille au moment de l’orientation. La directrice générale de l’enseignement scolaire, qui assurera la clôture de ce séminaire, me fera part des leviers que vous aurez identifiés et j’y serai très attentive.
***
Voilà ce matin ce que je souhaitais vous dire : mobilisez-vous, avec moi, pour développer l’apprentissage. De nombreux facteurs sont réunis pour y parvenir : la volonté politique, les atouts au sein de notre ministère et des professionnels compétents et engagés, capables de traduire cet objectif de manière opérationnelle. Ensemble, allons plus loin dans nos initiatives, dans nos démarches d’ouverture partenariale avec les régions et avec les autres services de l’État, et avec le monde professionnel. Avec toujours un seul fil conducteur en tête : celui de l’intérêt des élèves.
Tags : Apprentis, Enseignement professionnel, Insertion professionnelle, apprentissage, entreprise, école-entreprise
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Encore merci pour ces précieuses infos !
Excellent discours Najat . Il a l’intérêt d’être clair,concret et sincère ! ça nous change de beaucoup trop, venant des oppositions ! Merci.