Les ministres répondent aux questions des lycéens de Brie-Comte-Robert (77)

Retrouvez ici le reportage réalisé par le journal Le Parisien lors de la visite au lycée agrocole de Brie-Comte-Robert (77) du Premier ministre Manuel Valls, de la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, et du ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.

« Quand Manuel Valls va entrer, vous vous levez tous de façon… efficace ! ». La conseillère d’éducation du lycée agricole de Bougainville, à Brie-Comte-Robert, a eu des paroles énergiques, hier matin face aux 300 élèves réunis dans l’amphithéâtre. Pas besoin pourtant de les motiver avant cette rencontre organisée à peine deux semaines après les attentats de Paris : ils avaient prévu de nombreuses questions pour le Premier ministre, la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, et son collègue chargé de l’Agriculture, Stéphane Le Foll.

Plan Vigipirate

« Pourquoi a-t-il autant d’importance ? Quelle sera sa durée ? » s’interroge une élève. Réponse de Manuel Valls : « La menace terroriste existe. Des groupes très organisés se trouvent en Afghanistan, en Syrie, en Irak, au Yémen, au Sahel… Chez nous, la menace est liée. Des jeunes radicalisés sont passés à un islam intégriste et au jihad. Votre génération doit s’habituer à vivre avec ce danger. » Elèves de 1ère, Alexis et Léa ont reçu le message : « C’est une réalité, il faut qu’on fasse avec. Mais on ne va pas changer de façon de vivre pour autant ! »

Liberté d’expression

« Que feriez-vous face à un élève qui estime mérité ce qui est arrivé à Charlie Hebdo ? » « La justice a déjà été saisie à la suite des premières caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo, lui rappelle Najat Vallaud-Belkacem. Un juge s’est prononcé ( NDLR : un non-lieu a été rendu en 2007). » Manuel Valls va plus loin dans l’analyse : « Certains ne comprennent pas que Charlie Hebdo puisse s’exprimer, mais pas Dieudonné. La caricature a toujours existé au pays de Rabelais et Voltaire. Il n’y a pas de délit de blasphème en France. Charlie Hebdo est dans son droit. En revanche, quand Dieudonné dit : Je suis Charlie Coulibaly, c’est de l’apologie du terrorisme, passible des tribunaux. » Le Premier ministre a également rappelé les limites de la liberté d’expression : la diffamation, l’injure, les propos racistes, antisémites et homophobes, les incitations à la haine, l’apologie du terrorisme. « Si tout se vaut, on entre dans une société barbare, insiste l’ancien ministre de l’Intérieur. L’école doit apprendre à hiérarchiser les normes et les valeurs. »

Laïcité

« La République compte-t-elle se donner les moyens de faire appliquer la laïcité ? » demande Romain. La ministre de l’Éducation répond par une « remontée de tout incident et une sanction pour provoquer une prise de conscience chez l’élève ». « La vie en collectivité comporte le respect des règles », précise Najat Vallaud-Belkacem. Manuel Valls décline cette « belle idée de la laïcité : la possibilité de croire ou ne pas croire, l’égalité hommes-femmes, la séparation de la religion et de l’État ».

Amalgame

« Comment comptez-vous éviter l’amalgame et le racisme ? » lance Baptiste. « Dans l’amalgame, on met à égalité ceux qui ont commis les assassinats et les musulmans, souligne Stéphane Le Foll. Or les musulmans n’ont rien à voir avec les terroristes. L’islam est une grande religion. » Sa collègue à l’Éducation nationale approuve : « Le 11 janvier, les gens ont manifesté pour dire : la France qui est la nôtre est une France métissée, avec des personnes réunies dans la même citoyenneté, estime Najat Vallaud-Belkacem. Les confessions arrivent après. »

Complot

« Quel crédit apporter à cette théorie ? » s’interroge Lou-Anne. « Les jeunes sont le plus tentés par la contestation des informations officielles, lui répond la ministre de l’Éducation. La meilleure façon de lutter contre cela, c’est de développer l’esprit critique. Il faut apprendre à analyser les images. C’est pourquoi on propose une éducation aux médias et à Internet. »

A l’issue de la rencontre, « la Marseillaise » a résonné.

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Par Sophie Bordier pour Le Parisien du 24 janvier 2015.
Photos © CG de Seine-et-Marne

Tags : Brie-Comte-Robert, République, agriculture, citoyenneté, élèves

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