Notre démarche pour renforcer avec les familles la mixité sociale dans les collèges


Depuis plusieurs décennies, la mixité sociale est invoquée, annoncée ou réclamée, à mesure que l’aggravation des inégalités, la distension des solidarités familiales et de proximité ou les nouveaux comportements résidentiels creusaient la pente de la ségrégation sociale et scolaire.

La mixité sociale n’est ni un slogan, ni une chimère, ou un totem. En République, c’est une nécessité, au fondement du sentiment d’appartenance à un projet collectif. À l’École, c’est une exigence car rien ne remplace l’expérience de l’altérité dans le chemin vers la citoyenneté. Lorsque la ségrégation scolaire tire vers les bas les élèves fragiles, lorsque la ségrégation sociale éloigne les valeurs républicaines de la vie quotidienne de trop d’élèves, la résignation n’est pas de mise.

Bien sûr, l’École ne peut pas tout : les mécanismes de la ségrégation échappent largement aux politiques éducatives. Pour autant, les études scientifiques comme les expériences de terrain ont montré qu’il était possible d’agir, à la fois contre la ségrégation scolaire ou sociale à l’intérieur des classes et des établissements, mais aussi contre la ségrégation entre établissements. Ainsi, l’éducation nationale est de longue date aux côtés des collectivités pour adapter les secteurs de recrutement, faire évoluer l’offre éducative ou imaginer de nouveaux équilibres à l’occasion d’ouverture ou de création d’établissements. Les exemples de décisions locales qui ont amélioré la mixité sont nombreux, comme le bonus donné aux élèves boursiers dans l’accès au lycée de leur choix sur Paris ou la fermeture d’un collège trop ségrégué dans le quartier des Grésilles, à Dijon.

Ces exemples concrets dessinent une voie nouvelle, à ce jour inexplorée sur ce sujet à l’échelle nationale : celle de la construction des solutions à partir des acteurs de terrain. Loin des débats théoriques et des postures datées sur la sectorisation, je souhaite impulser des initiatives fédérant la communauté éducative à l’échelle de territoires pilotes, pour imaginer les solutions concrètes qui pourront ensuite être déployées sur le territoire national. La possibilité ouverte par la loi de refondation de l’École de créer des secteurs multicollèges sera ainsi explorée sans dogmatisme, en veillant à associer pleinement les représentants des enseignants et personnels, les parents d’élèves et l’enseignement privé sous contrat si c’est pertinent.

Les 17 territoires pilotes identifiés à ce jour, et qui seront rejoints par de nouveaux dans les prochaines semaines, feront l’objet d’un accompagnement scientifique inédit, associant des approches diverses, afin de faciliter la mise en oeuvre et l’évaluation des évolutions décidées localement. Déjà fortement engagé sur le sujet, le Conseil national d’évaluation du système scolaire apportera son expertise pour tirer les enseignements au plan des politiques publiques.

Avec l’engagement de cette démarche, inscrite dans les objectifs de la refondation de l’École et cohérente avec la réforme du collège, l’éducation nationale ouvre une étape nouvelle dans son mode de gouvernance, en partant des territoires et en associant la recherche scientifique en amont des politiques publiques. Je suis convaincue que c’est à cette condition, celle d’une méthode qui s’appuie sur les premiers concernés et ne prétend pas dicter leurs décisions, que nous ferons reculer la ségrégation sociale qui affaiblit notre système éducatif et mine le pacte républicain. La mixité sociale ne se décrète pas, elle se construit avec les acteurs des territoires. Cette démarche pose une première pierre, comme un gage de confiance dans l’avenir et d’espoir pour notre École.

Najat Vallaud-Belkacem,
ministre de l’Éducation nationale,
de l’Enseignement supérieur
et de la Recherche

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2015_mixite_social_Dossier

Éducation nationale Publié le 10 novembre 2015

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15 commentaires sur Notre démarche pour renforcer avec les familles la mixité sociale dans les collèges

  1. Mme Guilhot

    Vous dîtes : “La mixité sociale ne se décrète pas, elle se construit avec les acteurs des territoires.” mais vous faîtes exactement le contraire ! Ecoutez ce que les enseignants et chefs d’établissement sur le terrain vous disent ! Ce sont justement les options (latin, classes bilangues, projets innovants,…) qui permettent la mixité sociale dans les quartiers et VOUS supprimez TOUT. Les 20% d’autonomie n’y changeront rien, car vous ne prenez pas en compte la valse des équipes pédagogiques, la difficulté de gérer des emplois du temps, le coût des sorties scolaires, la motivation ou non-motivation des personnels, la diversité des profils d’élèves et la diversité des profils d’enseignants. Les EPI plairont à certains, c’est sûr. D’autres y trouveront le moyen d’avoir des bonnes notes grâce aux autres, sans rien faire du tout, et mes élèves actuels s’y ennuieront. “Gargantua, Emma, mangaient-ils équilibrés ?” Vous en avez d’autres des sujets aussi stupides ?

  2. David WALERA

    Bravo ! La censure a encore frappé en supprimant les commentaires les plus gênants, dont les miens !
    Que c’est beau la pensée unique du Parti unique !

  3. Froschkönig

    Le sujet de “la mixité sociale” serait-il si sensible au point de supprimer plusieurs commentaires laissés ces derniers jours? Décidément, réformes dans l’éducation et démocratie ne font pas bon ménage …

  4. Romain Massié

    Les options permettent la diversité, la mixité. Or vous supprimez les options. Donc vous supprimez la mixité.
    CQFD.
    Plus concrètement : Les options sont à la base ouvertes à tous, mais le problème quelques fois c’est qu’il y a trop de demandes. Alors on va voir le Rectorat qui dit non, ce sera 20 places, démerdez-vous (car ça coûte cher une option) Donc ce qui exclut c’est la politique financière de l’EN. J’avais 52 demandes pour la bilangue 6e cette année, la DASEN a été claire et a refusé d’ouvrir 2 classes! Ouvrir une bilangue revenait à “payer” 12h/hebdo sur les 4ans. Avec la nouvelle LV2, il ne faudra payer que 7,5h/hebdo sur les 3 ans. Re-CQFD.

  5. PANGAUD Marie-Ange

    Mon message passera sans doute mieux les 6 et 13 Décembre prochains. Pour la première fois depuis plus de trente ans, comme des milliers d’autres enseignants et parents d’élèves jusque-là fidèles électeurs du PS, je ne voterai pas pour ce parti qui a sacrifié l’Ecole de la République et bien d’autres choses encore sur l’autel de l’austérité imposée par la doxa de la Sainte Eglise de la Finance Internationale devant laquelle s’est agenouillé M. Hollande. Désormais son ennemi c’est le Peuple.Il sera inutile d’agiter l’épouvantail FN devant nos yeux pour tenter de remobiliser votre électorat, désormais même ce subterfuge ne fonctionne plus. C’est votre politique, et elle seule, qui fait monter le désespoir et la tentation des extrêmes. Vous en porterez donc seuls la responsabilité devant l’Histoire.Vous n’êtes pas les héritiers de Jaurès , vous n’êtes que vils mystificateurs, des mercenaires sans foi ni loi qui n’ont pour idéal que leur propre carrière.C’est pitoyable.

  6. lainé

    Superbe action. Bravo aux collègues qui s’opposent ouvertement à cette mascarade de réforme. Plus de bilangues ds les collèges publics de L’Aigle? Pas de problème, le privé va encore pouvoir faire des travaux d’agrandissements. Où sera la mixité sociale?
    C’est écoeurant. J’espère que le PS va se prendre une méga claque aux prochaines élections.on ne peux pas humilié les enseignants ainsi.

  7. zorn

    Assez incroyable de pouvoir faire preuve d autant de mauvaise foi. En tout, pas d argent pour le public mais c est annoncé, il y en a pour le privé!

  8. Catherine Arquillière

    Renforcer la mixité dans les collèges, c’est renforcer le privé ! A ce propos, vous attaquez quand le chantier du privé qui scolarise beaucoup d’enfants favorisés et peu d’enfants défavorisés?

  9. Rosenkohl

    Madame la Ministre,

    “Il faut en finir avec les postures idéologiques” avez-vous déclaré devant la presse.

    C’est VOUS qui dans votre aveuglement idéologique êtes en train de casser le reste de mixité sociale encore présente dans nos collèges. Supprimer les classes bi-langues et européennes, l’enseignement du grec et du latin, passer en force pour imposer une réforme dont ne veulent ni les parents ni les enseignants, voilà le meilleur moyen pour augmenter encore la ségrégation sociale que vous prétendez combattre! Quel gâchis! Quelle politique scandaleuse!

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