Le Plan numérique pour l’Éducation se déploie dans les écoles et les collèges

Éducation nationale Publié le 13 octobre 2016

Le Plan numérique pour l’Éducation se déploie en cette rentrée 2016 dans 28% des collèges publics. La ministre de l’Éducation nationale s’est rendue ce 13 octobre au collège Jean Moulin de Chevilly-Larue dans le Val-de-Marne, territoire pionnier où le plan est effectif dans la totalité des collèges publics. Najat Vallaud-Belkacem y a présenté les nouvelles ressources numériques qui couvrent l’intégralité des nouveaux programmes du CM1 à la 3e ainsi que le nouveau portail d’accès et de présentation des ressources numériques MYRIAé. Lire le discours de la ministre ci-dessous :


Monsieur le Président du Conseil Départemental,
Madame la Maire,
Mesdames et messieurs les élus,
Madame la Rectrice, chère Béatrice,
Madame la Sous-Préfète,
Messieurs les représentants du Commissariat Général à l’Investissement, de la Caisse des dépôts et de l’ADF,
Monsieur le Principal,
Mesdames et messieurs les professeurs,
Mesdames et messieurs les représentants des éditeurs numériques,
Mesdames et messieurs, en vos titres, grades et qualités,
Chers élèves,

Une révolution est en cours. Cette révolution, c’est celle du numérique.

Prendre la mesure de celle-ci suppose de revenir, dans l’histoire qui est la nôtre, à des bouleversements considérables, comme le fut l’invention de l’imprimerie à la Renaissance.

Une invention qui fut, pour bien des enseignants, des savants et des humanistes, une source d’interrogation. Devant la multiplication des ouvrages, quel devait être le rôle des professeurs ? Comment tenir compte de ce changement sans remettre en cause les fondements de leurs enseignements ? Comment intégrer cette invention dans leurs pratiques ?

Ces interrogations parcourent bien des écrits, depuis, ceux, célèbres, d’Érasme, jusqu’à ceux, moins connus, d’un Jean Louis Vivès, qui déplorait, vers 1520, je cite : “[que] la quantité de livres soit désormais si immense  [que] nombre d’étudiants sont pris de terreur et de haine de l’étude quand ils sont confrontés, dans chaque discipline, à tous ces volumes dont la lecture exige un travail infini.”

Ces réflexions nous paraissent sans doute familières. Les interrogations passées des humanistes font écho à celles de bien des professeurs, devant la situation qui est la nôtre aujourd’hui.

Chacun sent bien que l’École n’a pas vocation à rester à l’écart du numérique. Mais chacun sait bien, aussi, que le numérique à l’école, ne se résume pas à brancher un ordinateur dans une salle de classe. L’École est un lieu de connaissance, et si le numérique doit y avoir toute sa place, il doit surtout y trouver un sens.

La question du numérique à l’école va donc bien au-delà de la distribution d’ordinateurs nomades à laquelle nous allons procéder tout à l’heure.

Ces équipements sont, bien sûr, importants. Et je rassure les élèves et leurs enseignants, ils seront bien distribués. Ils font, évidemment, partie du plan numérique pour l’éducation. Mais ils ne le résument pas.

Le plan numérique pour l’éducation que j’ai voulu mettre en œuvre est porté par une vision d’ensemble, cohérente et dynamique. Ce plan est nourri par une conviction, que nous partageons tous : le numérique est d’abord un outil, au service des enseignants, au service des élèves, au service de la pédagogie et des apprentissages.

Voilà pourquoi ce plan repose sur trois piliers solides et complémentaires : la formation, les ressources, et les équipements.

Le numérique n’est pas anecdotique : c’est un sujet complexe, dont les enjeux sont immenses, en particulier à l’École.

L’importance de ce sujet justifie pleinement l’engagement de l’État et des collectivités territoriales dans le plan numérique pour l’éducation.

Cette année, 96 départements se sont engagés. 96 départements, 1668 collèges et 1817 écoles.

Certains espéraient peut-être un grand soir du numérique pour la rentrée 2016 : ce n’est pas comme cela que ça marche.

Le grand soir ne fait pas les grandes réussites : aux injonctions autoritaires, qui souvent s’épuisent dans la durée, nous avons préféré une synergie plus longue à mettre en œuvre, mais plus durable.

A la révolution du numérique nous répondons par une évolution, concertée, s’appuyant sur la mobilisation des acteurs du terrain.

Ce n’est pas un grand soir dont nous avons besoin, mais d’une succession de petits matins, comme celui-ci.

Ce que vous voyez ici, ce matin, avec les enseignants, avec aussi les partenaires des départements, les financeurs, les éditeurs, c’est une illustration concrète de ce que produit le plan numérique.

Ce que vous voyez, c’est un service public du numérique éducatif, que nous construisons ensemble, avec les collectivités territoriales, et avec le soutien financier de l’État et de son opérateur la Caisse des Dépôts, qui a fait de ce plan un pilier de ses investissements d’avenir.

Et à propos de cette dimension collective du plan numérique je veux rappeler une chose : les familles et les parents font partie intégrante de ce collectif. Si le numérique change bien des choses au sein des salles de classe, cela fait aussi évoluer les pratiques en dehors de l’École.

Nous prenons donc soin de rencontrer les associations de familles et de parents d’élèves, d’autant qu’ils sont de plus en plus nombreux à avoir recours au numérique pour suivre la scolarité de leurs enfants.

Et quand vous regardez les statistiques de fréquentation des comptes parents mis en place dans certains établissements, les chiffres sont très élevés : il y a un accroissement considérable des usages numériques par les familles des élèves.

Je vous invite donc à regarder les ordinateurs portables que nous allons distribuer, mais aussi à voir ce qu’il y a avant, ce qu’il y a autour, et ce qu’il y a au-delà!

On retrouve ici, dans le Val de Marne, les 3 piliers que j’évoquais : la formation, les ressources, et l’équipement. Mais on s’inscrit, aussi, dans une démarche plus ancienne, avant le plan numérique, avec l’expérience ORDIVAL, il y a cinq ans de cela.

Celle-ci avait pour objectif d’équiper les collégiens de tous les niveaux. L’ambition qui lui a donné naissance prend un nouvel essor avec le plan numérique pour l’éducation.

Dans ce département, ce plan concerne désormais la totalité des 104 collèges publics, 9 collèges privés sous contrat et près de 90 écoles élémentaires.

L’État s’engage à hauteur de 3,3 millions d’euros pour l’équipement des collégiens et 0,45 millions d’euros pour l’achat de ressources numériques. L’investissement du Conseil Départemental s’élève, lui, à près de 8 millions d’euros.

Parallèlement, l’académie mène un important travail de formation des enseignants : les membres de l’ensemble des commissions numériques de tous les établissements de l’académie, soit plus de 1600 personnes, ont reçu, l’année dernière, 18 heures de formation, ce qui équivaut à près de 30 000 heures de formation en tout.

Cet effort se poursuivra cette année avec de nouveaux modules de 18 heures, et 30 modules de formation numérique.

Accompagner les enseignants, les former, et mettre à leur disposition des outils et des ressources adaptées à leurs besoins et à leurs disciplines, c’est essentiel.

C’est la condition nécessaire pour que le numérique à l’École ait du sens.

Des ressources numériques de très grande qualité, gratuites, couvrant les nouveaux programmes des cycles 3 et 4 sont désormais accessibles depuis cette rentrée.

Vous avez vu dans la démonstration qui a été réalisée que les usages sont fluides et les contenus de très grande qualité. Vous avez surtout pu constater que les services proposés sont pensés avant tout par rapport aux pratiques de nos enseignants.

Le cœur du métier du professeur, comme sa liberté pédagogique, sont respectés : le numérique est au service de l’enseignant, et non l’inverse. Et ces outils permettent un nombre incroyable de scénarios pédagogiques.

Pour faciliter l’accès des enseignants aux différentes ressources existantes, publiques et privées, gratuites et payantes, pour tous les cycles de la scolarité, le portail MYRIAE sera bientôt mis en place par notre opérateur CANOPÉ, que je remercie pour la qualité de son travail. Avec cet outil, nous inventons un moteur de recherche intelligent dédié à l’éducation.

La mise en œuvre du plan numérique, comme sa réussite, est donc collective.

C’est avec les élus que nous avons pu permettre, en cette rentrée 2016, à près de 28% des collèges publics d’entrer dans le plan numérique.

C’est avec eux que nous poursuivrons ce mouvement, avec pour objectif d’atteindre 50% des collèges sur l’ensemble des territoires, bien sûr. Car évidemment, notre stratégie numérique concerne tous les territoires, tous les collèges : c’est à chacun des élèves de notre pays que nous devons cet effort collectif.

Cette logique partenariale, s’appuie sur des liens renforcés avec les conseils départementaux et avec l’Assemblée des départements de France.

Ensemble nous créons des territoires numériques d’éducation.

Ensemble, aussi, nous publions un guide destiné aux parents leur expliquant le plan numérique, ses objectifs, et son sens, et en apportant des réponses précises sur un certain nombre de questions : “Pourquoi distribuons-nous un équipement numérique aux élèves ? Quels vont être les usages de ces équipements en classe et à la maison ? Quels sont les dispositifs de protection et de sécurité qui sont mis en œuvre ?”

Ensemble, enfin, nous travaillons pour l’avenir. C’est à la suite de nos échanges avec les élus et avec l’Assemblée des départements de France que nous avons voulu intégrer dans le prochain appel à projet deux dispositifs nouveaux, qui feront l’objet de publications dans les prochains jours au Journal officiel.

Le premier concerne les territoires ruraux, qui doivent comme les autres, pouvoir faire bénéficier aux élèves des nouveautés du plan numérique. Vous connaissez mon attachement à la ruralité.

Le numérique, nous le savons bien, n’est pas un enjeu abstrait. Cela demande des installations adéquates, des adaptations qui peuvent, en particulier dans les territoires ruraux, poser des difficultés dont nous devons tenir compte.

Le 20 mai dernier, lors du comité interministériel aux ruralités j’ai annoncé, avec l’appui du Commissaire général aux investissements d’avenir, Louis Schweitzer, un financement exceptionnel de 50 millions d’euros, pour donner un nouveau souffle au programme “Écoles connectées”.

Nous passons donc, pour le numérique dans les écoles rurales, de 5 millions à 50 millions, soit une enveloppe multipliée par 10 ! Nous soutenons ainsi le développement des infrastructures – montée en débit, mise en place d’un réseau Wi-Fi performant, mise en réseau des écoles et du collège par un ENT – et l’acquisition d’un tableau blanc interactif. Avec l’Association des maires ruraux de France, nous engageons une concertation pour détailler les modalités du dispositif.

Cette concertation, nous la mènerons avec les associations d’élus pour que l’offre que nous proposons soit la plus utile pour les maires et que nous puissions ainsi en faire profiter le plus d’enfants possible.

Pour les collèges ruraux, une dotation supplémentaire pourra être accordée pour la mise à niveau du réseau d’infrastructures internes comme je l’ai l’annoncé à RURALITIC le 15 septembre dernier.

Cette dotation sera plafonnée à 25 000 euros par collège et les projets éligibles sont ceux des territoires qui adoptent une véritable stratégie d’équipement pour le développement des usages numériques pour tous les collèges, en s’engageant à équiper au moins les 2/3 des établissements du département.

Au total, ce sont 25 M€ supplémentaires que nous mobilisons avec le soutien du Commissariat général aux investissements d’avenir et avec le soutien de ma collègue Axelle Lemaire.

Notre but est simple : apporter l’accompagnement nécessaire pour que les collectivités s’engagent, en toute confiance, à nos côtés, pour le numérique éducatif. Et nous nous en donnons les moyens avec 75 M€ supplémentaires, pour les territoires ruraux mobilisés sur le programme d’investissements d’avenir.

Accompagner les territoires ruraux, c’est bien entendu nous assurer que le plan numérique ne vienne pas nourrir des inégalités territoriales au lieu de les atténuer.

Le second dispositif concerne le soutien à des démarches innovantes pour des collèges laboratoires. C’est un point plus technique, qu’il est néanmoins important d’aborder, car il représente un levier nouveau pour construire l’Ecole numérique de demain.

Le plan numérique ne se déploie pas sur des territoires vierges. Nous ne partons pas d’une page blanche. Il y a notamment, dans beaucoup de collèges, déjà eu, par le passé, un équipement progressif.

Mais cet équipement était partiel, parfois dispersé, reposant sur des architectures techniques complexes, posant inévitablement des problèmes et engendrant des coûts importants.

C’était là un véritable obstacle au développement du numérique pour l’éducation.

Pour lever cet obstacle, je crois en l’innovation qui vient du terrain. Le futur appel à projets, offrira donc de soutenir, à titre expérimental, des projets pilotes, élaborés en partenariat avec les collectivités, permettant par exemple d’offrir à ces établissements un hébergement dans un cloud sécurisé, sans avoir à réinvestir dans des infrastructures lourdes.

Un soutien renforcé aux territoires ruraux, la recherche de solutions innovantes et collectives à travers des « projets laboratoires » ne sont que deux dispositifs du futur appel à projets 2017 parmi d’autres.

L’objectif principal de cet appel demeure dans la continuité des précédents : poursuivre le déploiement du plan numérique pour l’éducation avec les mêmes critères de financement.

A travers lui, se réaffirme notre ambition d’initier, d’accompagner et de généraliser les usages du numérique dans les établissements, au service de la pédagogie et des apprentissages.

Année après année, projets après projets, grâce à une mobilisation collective dont je tiens à remercier tous les acteurs, le numérique à l’école prend forme et s’incarne ; surtout, il prend sens.

Le plan numérique se traduit par cette distribution d’équipements à laquelle nous allons procéder, mais, vous l’aurez compris, il est loin de s’y réduire.

Le plan numérique est la réponse que nous apportons, collectivement, à la révolution que nous traversons. Une réponse qui s’appuie sur la singularité de l’École. Une réponse qui se forge à travers la formation des enseignants, la création de ressources adaptées, et un équipement permettant de les exploiter.

Le numérique n’est pas une menace ni un désastre pour l’École, mais une opportunité à saisir, et je sais que nos enseignants sauront pleinement s’en emparer pour la mettre au service de ce qui est leur mission depuis toujours : transmettre des connaissances pour former des citoyens instruits, éduqués, cultivés et autonomes.

Je vous remercie.

Najat Vallaud-Belkacem,
Ministre de l’Éducation nationale,
de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

Photos © Philippe Devernay / MENESR

Pour en savoir plus, consulter le dossier de presse sur le site du ministère.

3 commentaires sur Le Plan numérique pour l’Éducation se déploie dans les écoles et les collèges

  1. Hassan

    Un bout d’avenir, entre les mains, d’une jeunesse, en quête, d’effet, réel, ou vrai, ce n’est pas rien, jamais…

    Les vrai)e)s ou faux)sses “inquiété)e)s” du langage ont-ils/elles appris)es au fil de leur confort, et dans leur fort extérieur, que les moyens d’une égalité restait et reste encore à parfaire, et que l’Ecole, laïque et sans frontière, ne pouvait être la dernière roue du “carrosse”, la dernière touche des télécommandes, le dernier regard à justifier, ou alors le futur, même bien conjugué, …

    De fait, bien que l’ancre des bateaux est immuable, l’encre des pages se perdure ou se perd librement, pacifiquement, intelligemment, mais, depuis la mise en “exercice”, pour ne pas dire (mais bien comprendre) en “équilibre”, du changement, de la réforme, éductatif)ve, le rôle du)de la Ministre n’a ni estompé ni obscurci les sujets d’une réalité presque post contemporaine…

    Qui l’eût cru d’une puce ou d’un écran, d’un circuit, d’une batterie, d’un siècle, d’une valeur, d’un état, d’une union, d’un monde, d’une terre…

    Dire de ne pas dire, là est la nouvelle…démocratique…

    Bien à Vous…

    Merci…

  2. Ricercar

    L’expérience de Fabius et de ses Thomson T07 très vite obsolètes et remisés au placard ne vous a visiblement pas servi. En attendant, je ne suis pas sûr que ce soit en dépensant des millions d’€ dans des tablettes que nos élèves maîtriserons mieux leur propre langue. C’est la base de tout, pourtant… Il faudra un jour que les politiques comprennent que le but n’est pas de dépenser de l’argent à tout prix, de se montrer “innovant” juste pour épater les médias et pour faire chic, mais qu’il est bien plus important d’être simplement… efficace.

Commentaires fermés.