Agir pour la mixité sociale au collège : les expérimentations se multiplient

Éducation nationale Publié le 13 décembre 2016

Najat Vallaud-Belkacem a engagé depuis fin 2015 une démarche inédite, basée sur une logique de construction à partir des acteurs et des besoins des territoires, pour faire reculer la ségrégation sociale et scolaire dans les collèges. C’est une inversion importante de la logique qui a souvent prévalu par le passé. Aujourd’hui, 46 départements et 84 communes, de tous bords politiques, sont engagés dans cette démarche d’expérimentation.

La ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a souhaité organiser mercredi 13 décembre 2016 une journée de travail consacrée aux retours d’expériences et aux projets des territoires pilotes, lancés conjointement avec l’Éducation nationale et les collectivités locales, pour une mixité sociale et scolaire au collège, en adaptant les secteurs de recrutement, faisant évoluer l’offre éducative ou imaginant de nouveaux équilibres à l’occasion d’ouverture ou de création d’établissements.

Les territoires pilotes font l’objet d’un accompagnement scientifique inédit, associant des approches diverses, afin de faciliter la mise en œuvre et l’évaluation des évolutions décidées localement.

L’édito de la ministre :

La mixité sociale ne se décrète pas. Elle ne s’impose pas. On peut le regretter. On ne peut pas l’ignorer. Sinon, on s’enferme dans des querelles idéologiques sur la carte scolaire : certains la veulent plus rigide, au risque de figer des situations de ségrégation et d’interdire la mobilité sociale ; d’autres veulent l’assouplir ou la supprimer, avec les conséquences qui ont été dénoncées par la Cour des Comptes sur l’aggravation des inégalités.

Ce n’est donc pas la carte qui changera le territoire mais le territoire qui fera évoluer la carte. La mixité sociale se construit, patiemment, collectivement, en concertation avec l’ensemble des personnes concernées. Cela va des personnels de l’Éducation nationale jusqu’aux élèves et à leur famille, en passant par les élus et tous les acteurs susceptibles d’être mobilisés sur le terrain, mais également par les chercheurs.

Telle est la conviction qui fonde la méthode que nous mettons en oeuvre, celle de l’expérimentation.
C’est en nous appuyant, concrètement, sur ce qui se fait sur le terrain et en diffusant les réussites que nous pourrons progresser sur ce sujet. Un sujet complexe qui, chaque fois qu’il est évoqué, charrie bien des craintes et divise alors qu’il devrait nous rassembler. Il le devrait et il le peut.
Nous avons lancé une expérimentation sur 25 territoires pilotes, grâce à l’engagement d’élus de droite comme de gauche, preuve qu’un consensus est possible quand on construit les politiques publiques à partir des réalités de terrain.

La ségrégation sociale n’est pas une abstraction. Ce n’est pas un “ressent” ou un fantasme.
C’est, en France, une réalité dont nous connaissons l’ampleur et la cartographie. Les collèges sont très hétérogènes : si 10 % des collèges accueillent moins de 15 % d’élèves d’origine sociale défavorisée, 10 % en accueillent plus de 63 %. Pourtant, nous avons besoin de mixité sociale.
Nous en avons besoin, car l’École ne peut transmettre une appartenance commune à la République sur des processus plus ou moins conscients d’exclusion et de ségrégation. Nous en avons besoin car la mixité sociale améliore le niveau des élèves les plus fragiles, sans tirer les autres vers le bas. Il n’y a donc aucun perdant.

Il est important de le dire et de le rappeler. Il est plus essentiel encore de le prouver. C’est une politique de la preuve, fondée sur l’expérimentation et l’évaluation des résultats, que nous développons aujourd’hui. Il est urgent que la mixité sociale ne soit plus un souhait ou une injonction pour devenir une réalité : nous cesserons alors d’instaurer, au coeur de cette École qui doit nous réunir, des frontières qui, pour être invisibles, n’en ont pas moins des conséquences bien réelles.
Nous mettrons ainsi un terme à cette situation scandaleuse qui conduit des générations d’élèves à grandir dans le même pays, à aller dans une même institution, sans jamais se rencontrer véritablement.

Photos : @MENESR/PhilippeDevernay

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Un commentaire sur Agir pour la mixité sociale au collège : les expérimentations se multiplient

  1. Hassan

    C’est Votre droit/devoir d’avérer la réalité sociale, il ne s’impose pas…

    Bien à Vous…

    Merci…

Commentaires fermés.