Promotion exceptionnelle dans l’ordre des Palmes académiques de 9 grands témoins de la Résistance et de la Déportation

Éducation nationale Publié le 5 mai 2017

Conformément aux dispositions de l’article D. 911-69 du code de l’éducation, des nominations ou des promotions dans l’ordre des Palmes académiques peuvent être prononcées à titre exceptionnel, par dérogation aux conditions générales de durée de services ou d’ancienneté fixées par l’article D. 911-68 du code.

Compte-tenu de leurs mérites, l’institution souhaite exprimer sa reconnaissance à neuf de nos derniers témoins dans l’action de transmission de la Mémoire de la Résistance et de la Déportation en leur conférant directement le grade de commandeur de l’ordre des Palmes académiques.

Monsieur Raymond BONNET, né le 3 août 1922, ancien combattant et résistant, apporte son témoignage dans les collèges de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il rencontre les élèves dans le cadre du devoir de Mémoire et du concours national de la Résistance et de la Déportation (CNRD). Ses interventions captivent son auditoire et sont unanimement saluées par les professeurs d’histoire. Il témoigne de son parcours de résistant dans l’ouvrage : « D’Aurillac à Saïgon, tribulations d’un résistant, 1941-1946 » aux Editions du Bailli de Suffren.

Monsieur Elie BUZYN, né à Lodz en Pologne le 7 janvier 1929, est un rescapé des camps de la mort. En 1940, les nazis investissent Lodz et internent les Juifs dans des camps de travail forcé. Monsieur BUZYN est déporté à Auschwitz-Birkenau en 1944 à l’âge de 15 ans. En janvier 1945, une « marche de la Mort » le mène à Buchenwald. Le camp est libéré par les forces américaines le 11 avril 1945. Son histoire se trouve relatée dans : « A la vie ! Les enfants de Buchenwald, du Shtetl à l’OSE », un ouvrage de Katy HAZAN et Eric GHOZLAN publié aux Editions Le Manuscrit. Monsieur BUZYN témoigne et transmet la mémoire de la Shoah en intervenant régulièrement dans les lycées et collèges, mais aussi en accompagnant des groupes à Auschwitz.

Madame Ida GRINSPAN est née à Paris le 19 novembre 1929. Elle a 14 ans quand elle est arrêtée et déportée. Ida GRINSPAN a survécu à Auschwitz et à une « marche de la Mort ». Retournant au camp pour la première fois en 1988, elle entreprend de raconter son parcours et co-écrit avec l’aide de Bertrand POIROT-DELPECH : « J’ai pas pleuré » aux Editions Robert Laffont. Madame GRINSPAN va à la rencontre des collégiens et lycéens dans toute la France, elle témoigne inlassablement de l’horreur des camps.

Monsieur René HEREN, ancien combattant et résistant, est né le 14 novembre 1927. Il apporte son témoignage dans les collèges des Alpes-Maritimes en rencontrant régulièrement les élèves de 3ème dans le cadre du devoir de Mémoire et du Concours National de la Résistance et de la Déportation. Au cours de ces interventions il évoque également son expérience dans la 2ème Division Blindée de la Division Leclerc.

Monsieur Georges LOINGER, grand résistant, est né le 29 août 1910. Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier fin 1940, s’échappe en 1942 et fait la connaissance du docteur Joseph WEILL, un des futurs dirigeants de l’Œuvre de Secours aux Enfants (OSE). Tous les deux montent une filière visant à faire passer des centaines d’enfants juifs en Suisse, ce qui est à l’origine du surnom de Georges LOINGER : « l’alsacien passeur d’enfants ». De 1942 à la Libération, il organise le sauvetage de plusieurs centaines d’enfants juifs. Monsieur LOINGER a publié son récit dans la collection « Témoignages de la Shoah » sous le titre « Aux frontières de l’espoir » aux Editions Le Manuscrit. En juillet 2016, il est fait officier dans l’ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne. Agé de presque 107 ans, Monsieur LOINGER est un porteur de Mémoire pour les jeunes générations, il témoigne et participe aux cérémonies de commémoration. Ce dernier grand témoin de l’Histoire mérite la reconnaissance de l’institution.

Monsieur Jean MANCHETTE est né le 30 décembre 1921. Il est arrêté en mars 1943 lors d’un défilé, manifestant son hostilité à l’occupant. Il est déporté au camp d’Oranienburg-Sachsenhausen et est libéré en avril 1946 par l’Armée Rouge. Il rentre en France lourdement handicapé. Agé de 96 ans, Monsieur MANCHETTE témoigne chaque année à l’invitation des services de l’éducation nationale de la Meuse auprès des jeunes générations dans les établissements scolaires.

Monsieur Jean NALLIT, ancien résistant et déporté, est né le 14 septembre 1923. Entré en résistance à 17 ans, il s’engage dans la clandestinité au sein du réseau « Charrette ». Fin mars 1944, il est arrêté. Interrogé et torturé, il est incarcéré puis déporté à Buchenwald. Après avoir subi les « marches de la Mort », il est libéré au mois de mai 1945 par les Américains. En avril 1992, le titre de « Juste parmi les Nations » lui est décerné. Il relate ses années de guerre, d’emprisonnement et de combattant en 2011 sous le titre : « Renseignements et faux-papiers : mon parcours de résistant, de Lyon au camp de Buchenwald ». Il fait inlassablement le récit de cette période dans les établissements scolaires et lieux de mémoire de l’académie de Lyon, et fait partie depuis de nombreuses années du jury du Concours National de la Résistance et de la Déportation pour le département du Rhône.

Madame Gilberte NALLIT, née le 19 août 1926, a aidé clandestinement les actions résistantes de son père. Avec son époux, elle s’implique après-guerre dans de nombreuses associations. Elle participe notamment à la création du Comité du Souvenir français de Caluire. Depuis de nombreuses années, elle est un membre très actif du jury du Concours National de la Résistance et de la Déportation pour le département du Rhône. Elle continue à témoigner dans les établissements scolaires ou lors des visites du Mémorial de la prison Montluc.

Madame Evelyn ASKOLOVITCH, née le 15 juillet 1938, a longtemps hésité à transmettre son expérience de la déportation en dehors du cadre familial. Elle est arrêtée puis déportée, à l’âge de 5 ans, avec ses parents dans les camps hollandais de Vught et Westerbok, puis à Bergen-Belsen. A la fin de la guerre elle est transférée dans un camp de transit qui sera libéré par la Première Armée Française. Madame ASKOLOVITCH témoigne auprès des jeunes générations de son expérience d’enfant déportée. Elle intervient dans des colloques, dans des collèges et des lycées, et dans le cadre universitaire. Elle veut faire passer, à travers son témoignage, l’universalité de la persécution, et la force des reconstructions.

 

 


Photo © Philippe Devernay / MENESR

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