Un budget historique pour l’Éducation, l’Enseignement sup. et la Recherche : la démocratisation du savoir est en marche

Éducation nationale Publié le 12 juillet 2016

La ministre de l’Éducation nationale a dévoilé dans un entretien au journal Les Echos les mesures prévues dans le budget 2017 de l’éducation et de l’enseignement supérieur, qui sera revalorisé de 3 milliards d’euros. Retrouvez ici l’entretien publié par Les Echos.

Le budget 2017 de l’éducation et de l’enseignement supérieur et de la recherche va être revalorisé de 3 milliards d’euros. La gauche soigne son électorat avant la présidentielle ?

C’est un budget à la hauteur des ambitions que nous avons pour la jeunesse et qui confirme qu’elle est bien, comme promis, la priorité du quinquennat. C’est un effort exceptionnel, historique, qui fait suite aux efforts déjà fournis depuis 2012, avec + 1,3 milliard d’euros par an en moyenne. L’éducation est ainsi redevenue depuis 2015 le premier budget de la nation, devant les intérêts de la dette. Il faut aussi se souvenir d’où nous venons. Du début des années 2000 à 2012, l’investissement global de la France dans son éducation avait reculé de 0,3 point de PIB quand ailleurs, dans l’OCDE, il augmentait de 0,7. Ce choix aberrant de l’austérité éducative s’est traduit par une dégradation continue de nos résultats. C’est avec cela que nous avons rompu depuis 2012.

L’objectif de 60.000 postes créés sur le quinquennat sera-t-il atteint ?

Parfaitement. Nous allons créer 11.662 postes à la rentrée : 4.311 postes d’enseignants dans le primaire, 4.400 dans les collèges et les lycées. S’ajoutent 1.000 postes dans les écoles privées et 1.951 non enseignants, en particulier pour renforcer l’accompagnement des enfants en situation de handicap. L’objectif initial de 54.000 postes créés sera ainsi atteint, comme ceux de 5.000 postes dans le supérieur et 1.000 dans l’enseignement agricole.

Mais avez-vous les candidats ? Le métier attire peu…

Il y a eu une crise des vocations enseignantes en raison des mauvais signaux envoyés sous Nicolas Sarkozy, avec les suppressions de postes, la disparition de la formation et le gel des salaires. Cela nous a amenés, en début de quinquennat, à devoir recourir à plus de contractuels, c’est vrai. Mais les efforts faits pour redonner de l’attractivité payent. C’est net depuis deux ans dans les inscriptions aux concours.

Hormis des postes, que financera la rallonge budgétaire ?

Elle va permettre de revaloriser les rémunérations. Dès septembre, les enseignants du primaire verront leur prime Isae alignée sur celle du secondaire, soit 100 euros brut de plus par mois. Et le protocole de revalorisation du point d’indice et des carrières entrera en vigueur en janvier 2017, avec des augmentations pour tous mais aussi un changement de paradigme : pour la première fois, les enseignants qui s’engagent le plus seront mieux reconnus, avec des accélérations de carrière par exemple pour ceux qui enseignent plusieurs années dans l’éducation prioritaire ou prennent des fonctions de directeur d’école. Les mesures salaires et carrières concerneront aussi les enseignants-chercheurs, pour qui les modalités seront négociées à l’automne mais sont déjà budgétées. Toujours dans l’enseignement supérieur et la recherche, nous allons financer des titularisations. Enfin ce budget nous permet de renforcer considérablement la justice sociale du système, une de mes priorités : les bourses des lycéens vont être revalorisées de 10 % ; 50.000 lycéens ou apprentis et 70.000 étudiants boursiers bénéficieront de l’aide à la recherche du premier emploi, de 200 euros pendant quatre mois.

Comment va évoluer le budget spécifique de l’enseignement supérieur et de la recherche ?

Il va progresser de 850 millions d’euros. Cela permettra d’entièrement financer les mesures promises par le gouvernement sur la création de 1.000 emplois nouveaux, les salaires et les carrières, et la hausse de la démographie étudiante (+ 25.000 cette année), sans dégrader la situation des universités et des instituts de recherche. Les étudiants en profiteront aussi, avec le gel des droits d’inscription et 25.000 bourses supplémentaires pour des étudiants de classe moyenne. Nous allons aussi augmenter le budget de l’Agence nationale de la recherche et celui de la recherche spatiale.

Le bac vient de s’achever. Un examen où l’on peut ­obtenir, comme cette année, une moyenne de 21 sur 20 n’est-il pas obsolète ?

Le bac reste un rite initiatique très important en France. Et c’est une formidable garantie que chacun sera jugé sur un pied d’égalité. Si on basculait sur du contrôle continu, cela pénaliserait les élèves des lycées les moins cotés. Pour autant, il faudra faire un jour le toilettage du bac, avec sans doute moins d’options, moins d’épreuves et un calendrier plus équilibré. C’est une réflexion qu’il faudra aborder quand on aura terminé le bilan de la réforme du lycée de 2010.

Des élèves ont bénéficié d’un calendrier aménagé pour le rattrapage en raison de l’Aïd. N’est-ce pas contraire au principe de laïcité ?

C’est une fausse polémique agitée par la droite. Depuis des décennies, il y a toujours eu de telles tolérances les jours de fête religieuse pour les candidats qui le demandent, dès lors que ça n’entraîne aucun préjudice pour les autres élèves. Le cas des fêtes, comme l’Aïd, dont la date est difficile à prévoir en avance est même prévu par une circulaire adoptée sous… François Fillon, au milieu des années 2000. Nous n’avons fait que l’appliquer ! Elle a d’ailleurs aussi été appliquée cette année pour des oraux qui tombaient le jour de la Pentecôte juive.

L’opacité du système d’admission post-bac est fustigée…

Le système APB est avant tout, et doit rester, un outil de mise en relation des vœux de plus de 750.000 jeunes avec les choix de 12.000 filières. Il a permis de simplifier les démarches et de les rendre plus transparentes. Ce n’est pas un outil d’affectation. Cependant, il est crucial dans le passage du secondaire au supérieur et doit traiter de plus en plus de demandes : plus de 6 millions de vœux cette année. Les mesures prises en décembre ont déjà permis de faire fortement baisser le nombre de filières sous tension et de mieux répondre aux vœux émis. J’ai demandé aux inspections générales un audit poussé du dispositif et de sa maîtrise d’œuvre. Il pourra conduire au cahier des charges d’un nouvel APB pour les années à venir.


Propos recueillis par Derek Perrotte pour Les Échos.

Photo © Philippe Devernay / MENESR

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Un commentaire sur Un budget historique pour l’Éducation, l’Enseignement sup. et la Recherche : la démocratisation du savoir est en marche

  1. Ricercar

    Le PIB de la France s’établit à 2101 milliards d’€. Vous êtes donc en train de vous vanter d’une hausse de 0,04% du PIB. « Historique », en effet… Pour information, l’Allemagne consacre 3% de son PIB à l’enseignement supérieur et à la recherche, un point de plus que la France : c’est dire le retard que nous avons à rattraper !

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