Le suffrage universel ne peut pas être une machine à blanchir – Tribune

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Alors que les citoyens réclament à raison une plus grande transparence de la vie politique et la moralisation complète de notre démocratie, rien n’oblige aujourd’hui un candidat aux élections législatives à déclarer son patrimoine, ni à faire état des possibles conflits d’intérêts entre ses activités privées et l’exercice d’un mandat parlementaire. Ce n’est qu’une fois élu que l’obligation de déclaration lui est faite. Comment les citoyens peuvent-ils se déterminer en toute clarté si rien n’est dit pendant la campagne électorale ? En cas de manquement, il est trop tard, le mal est fait et les dommages dans l’opinion publique sont irréparables.

Pour répondre aux attentes des Français, dès sa nomination, le nouveau garde des Sceaux, ministre de la Justice, a annoncé le cadre d’une grande loi de moralisation empêchant notamment les emplois familiaux et les conflits d’intérêts. Je m’en félicite et j’y suis grandement favorable. Il faut même aller plus loin. Je propose aujourd’hui que, pour n’importe quel scrutin, la déclaration de patrimoine et d’intérêts intervienne lors du dépôt de candidature et non pas après l’élection. Il est important : d’une part, que les informations soient disponibles et communiquées aux électeurs en toute transparence et en toute équité entre les candidats ; d’autre part, que tout risque de conflits d’intérêts, découlant d’activités de conseils et de lobbying, soit écartée dès le premier jour de la campagne officielle.

Les législatives 2017 se caractérisent par la présence de nombreux candidats issus de la société civile. C’est formidable pour la démocratie. Cela participe au renouvellement que demandent les Français et je m’en réjouis. Mais cela appelle aussi clarification et vigilance quant au patrimoine et aux réseaux d’influence de chacun. Car que se passe-t-il dans les faits aujourd’hui ? Les candidats déjà élus ont procédé à leur double déclaration de patrimoine et d’intérêts auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Les autres ne sont tenus à rien. Leur candidature consiste en un simple enregistrement administratif. Cette procédure insuffisante tend qui plus est à faire de la nouveauté en politique un contrat de probité, ce qui est pour le moins hasardeux.

C’est pourquoi tout aspirant à une élection doit absolument pouvoir prouver qu’il est irréprochable, non pas après avoir été élu si tel est le choix des électeurs, mais avant, dès le moment où il ambitionne de l’être. Car tout manquement, toute désinvolture, toute légèreté crée déception et discrédit qui sont responsables de la légitime colère des Français et de la grave crise démocratique que nous traversons. Cessons de transformer le suffrage universel en machine à blanchir.

Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre, candidate aux élections législatives à Villeurbanne, 6e circonscription du Rhône.

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