Les ODD… Mais qu’est-ce que c’est que ça?

Développement Durable Environnement À la une Publié le 25 septembre 2019

Depuis plusieurs mois, au gré des scandales, des polémiques, des mobilisations citoyennes comme des images choc, on a le sentiment qu’une étape majeure a été franchie dans la prise de conscience citoyenne et de l’urgence à agir pour le climat. Si l’on peut sans aucun doute reprocher bien des choses aux générations de décideurs qui nous ont précédés sur ce sujet, il se trouve néanmoins que les bases d’une action collective pour un progrès durable et partagé ont été jetées par les institutions internationales il y a déjà plusieurs années : les Objectifs du Développement Durable (Sustainable Development Goals ou SDGs en anglais).

Si vous n’avez aucune idée de ce que sont les ODD, ou que vous en avez entendu parler sans pour autant savoir ce que c’est, vous n’êtes pas seul(e), du moins en France. Vous êtes mêmes, selon une récente étude Ipsos, 44% dans le premier cas et 23% dans le second, soit une large majorité de Français à ne pas savoir de quoi on parle. A titre de comparaison, la moyenne mondiale est à 42% et la conscience bien plus élevée en Afrique ou en Asie, là où la société civile a besoin de mettre des mots universels sur ses combats et ses objectifs. Des chiffres qui contrastent tristement avec l’élan d’espoir suscité par les marches de jeunes organisées chaque vendredi et les appels de Greta Thunberg à la tribune de l’ONU…

https://www.ipsos.com/sites/default/files/ct/news/documents/2019-09/global_advisor-un_sdgs-report_-2019-09-06_0.pdf

hLes Nations Unies ont adopté cet ensemble de 17 priorités à atteindre au niveau international d’ici 2030 pour mener une transition juste vers un développement économique soutenable, respectueux des humains comme de l’environnement. Ils ont été élaborés en 2012 par la communauté internationale, réaffirmés en 2015 lors de la conférence de Paris sur les changements climatiques (COP21). Ils constituent aujourd’hui la référence commune sur laquelle se basent les Etats, les institutions publiques comme les entreprises, les universités ou les ONG du monde entier pour définir leurs engagements, et à en mesurer les résultats.

Chacun de ces objectifs est interdépendant des autres et la réussite de l’un permet celle de tous les autres. Les questions de pauvreté ou d’alimentation sont liées à celles de la santé, de l’éducation ou des inégalités, elles-mêmes profondément associées à celle de la démocratie, de la paix ou de l’égalité entre les femmes et les hommes…

Ces 17 Objectifs de Développement Durables constituent donc un système global cohérent et vertueux qui forme un langage commun pour agir partout, et à chaque échelle, de manière globale. Ils sont aussi la base pour évaluer les progrès accomplis et constater les reculs de manière universelle. Il est donc essentiel que chacun s’en saisisse, afin de pouvoir se comprendre, de partager une même grille de lecture, et de tous tirer dans le même sens. C’est dire si une bonne appréhension et un partage plus large possible de ces outils est important. Les citoyens ne sont pas les seuls à être un peu largués dans ce qui reste, malgré tout, un jargon de grande institutions internationales. Les associations y font peu référence dans la valorisation de leurs actions, le secteur privé ne les a pas encore adoptés ainsi que le montre l’étude récente du cabinet Novethic. Seules les plus grandes entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse le 1 milliards d’euros en ont fait leur référence, les utilisent pour changer leurs pratiques et les communiquer. Seuls 35% des investisseurs institutionnels, eux, se mobilisent dans ce cadre.

Pire, il s’agit essentiellement de communiquer sur leur responsabilité sociale et environnementale, et très peu pour réorienter vraiment leur modèle économique ou industriel. Enfin, lorsqu’on compare les priorités des uns et des autres , on constate de vraies disparités : le climat, la santé, l’énergie ou la croissance économique arrivent en tête des priorités chez les responsables du secteur privé, quand les Français semblent plus préoccupés par l’accès l’eau, à l’éducation, à la protection des océans ou de la biodiversité.

https://www.ipsos.com/sites/default/files/ct/news/documents/2019-09/global_advisor-un_sdgs-report_-2019-09-06_0.pdf

Tout ceci nous indique qu’en matière de lutte contre le réchauffement climatique et plus généralement dans le modèle de transition de société, il y a un risque de fracture entre une mobilisation « d’en -haut », et une mobilisation « d’en -bas » dont le premier motif est de ne pas parler le même langage. La première serait pleinement intégrée aux standards mondialisés qui permettent de bénéficier la reconnaissance et des moyens des puissants quand l’autre serait marginalisée, invisibilisée et maintenue à l’écart, une nouvelle fois, de cette dynamique globale.

On sait pourtant que le combat pour un avenir plus vivable doit être le même partout et pour toutes et tous : il est donc urgent que nous commencions à parler le même langage pour nous faire entendre : pourquoi pas celui des ODD puisque c’est la grammaire que les Nations Unies ont adopté dans l’espoir de nous mettre tous et toutes d’accord ?

Cet article est d’abord paru sur LinkedIn le 25 septembre 2019. L’étude mentionnée est accessible ici:
https://www.ipsos.com/sites/default/files/ct/news/documents/2019-09/global_advisor-un_sdgs-report_-2019-09-06_0.pdf

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