« Le nationalisme vaccinal est une imposture sanitaire » – Tribune dans Les Echos

ONE Publié le 14 octobre 2021

Alors que certains pays occidentaux s’acheminent vers l’injection d’une troisième dose de vaccin cet automne, les pays en voie de développement restent largement sous-vaccinés. Or tant que la couverture vaccinale mondiale ne sera pas suffisante, l’épidémie ne s’éteindra pas, et aucun pays ne sera à l’abri de prochaines vagues de contamination, souligne l’ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem.

Sur les 60 millions de doses de vaccin Covid-19 promises par la France pour les pays les plus pauvres d’ici à la fin 2021, à peine près de 7 % sont aujourd’hui arrivées à destination. Ce modeste effort de solidarité est aujourd’hui remis de facto en question par le débat grandissant sur la vaccination des moins de 12 ans et l’administration d’une troisième dose pour les populations à risque.

L’approfondissement de la couverture vaccinale des pays riches retarde en effet le nécessaire partage des doses de vaccins disponibles à l’heure où les pays pauvres souffrent des conséquences économiques, sociales et sanitaires dramatiques liées à une contamination toujours élevée de leur population. Dans de nombreux pays d’Afrique, la troisième vague emporte quotidiennement près de 900 personnes.

Alors que près de 6 milliards de doses ont déjà été administrées à travers le monde, seulement 134 millions ont été reçues en Afrique, où seulement 55 millions de personnes, soit à peine 4 % de la population, sont totalement vaccinées. L’accès au vaccin demeure plus que jamais inégalitaire.

Renforcer les capacités de production

Si la stratégie mondiale de partage des vaccins peine à décoller, c’est en réalité parce que le débat est mal posé. L’accès des pays pauvres au vaccin ne doit pas seulement être dicté par des considérations morales ou de générosité, impliquant un effort de solidarité internationale que les gouvernements feront toujours passer après la sécurité de leur propre population. Si nous devons relever ce défi, c’est avant tout pour des raisons d’efficacité sanitaire. Vacciner à l’autre bout du monde est la seule possibilité pour se protéger chez nous, car l’efficacité de la vaccination sera toujours en question si le virus dispose des possibilités de muter dans des formes plus dangereuses et résistantes à l’autre bout du monde.

Le seuil de vaccination mondial permettant d’atteindre l’immunité de groupe se situe désormais autour de 90 %, contre 60-70 % auparavant, en raison du variant Delta . Donner maintenant la priorité à la vaccination des très jeunes ou à la troisième dose dans les pays riches les condamne à des doses supplémentaires à l’avenir pour tenter de préserver une efficacité vaccinale toute relative.

Afin d’endiguer la propagation du virus, de freiner ses mutations, et de sauver des vies, les dons de vaccins des pays riches doivent s’accélérer, le prix des vaccins baisser pour permettre leur acquisition massive par les pays pauvres, et il est nécessaire de renforcer les capacités de production des vaccins en Afrique. Mais l’enjeu n’est pas seulement celui de l’approvisionnement : pour atteindre les populations les plus vulnérables, la chaîne de distribution doit être soutenue et la lutte contre la défiance vaccinale devenir partie intégrante de la stratégie sanitaire au sein des pays qui peinent à vacciner leur population.

Coopération internationale

Il est insupportable d’apprendre qu’au moins 15 millions de doses ont été jetées aux Etats-Unis depuis le 1er mars alors que des soignants africains n’ont pu en recevoir ne serait-ce qu’une seule. Le nationalisme vaccinal est une imposture sanitaire qui nous condamne à ne jamais voir le bout du tunnel. Alors que les dirigeants mondiaux se réunissent en marge de l’Assemblée générale des Nations unies pour un sommet sur le Covid-19, une nouvelle étude de One montre qu’en l’absence d’un changement radical dans l’approche mondiale de lutte contre le Covid-19, près d’un tiers de la population mondiale ne sera toujours pas protégé contre le virus dans un an, en septembre 2022.

Le temps presse. Rien ne serait plus dangereux que l’apathie et le désintérêt des gouvernements et populations des pays qui se croient à l’abri derrière un taux élevé de couverture vaccinale. C’est partout sur la planète, et pas uniquement dans certains pays riches, qu’il nous faut vaincre le virus, grâce à un effort accru de coopération internationale. Et cette victoire-là est à portée de main.

Najat Vallaud-Belkacem est directrice France de l’ONG One. Ancienne ministre sous François Hollande, de 2012 à 2017.

Tribune parue dans Les Echos le 23 septembre 2021

Crédits photo : Jeff Pachoud/AFP

Un commentaire sur « Le nationalisme vaccinal est une imposture sanitaire » – Tribune dans Les Echos

  1. sofiane oubrik

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